Le Cercle littéraire et gourmand de Paris nous a préparé

Billet posté par Marie-Claude Maddaloni

Le 14 juin dernier, les amis et adhérents parisiens des Bibliothèques gourmandes, dont ceux du Cercle littéraire et gourmand de Paris conviés par Marc Combier, avaient rendez-vous - à l’invitation de Monique Calinon du département de l’Audiovisuel, membre du CA des BG, et de Dominique Wibault, chargée de collections au département des Sciences et techniques, département qui reçoit le dépôt légal des ouvrages portant sur les techniques culinaires, à la Bibliothèque nationale de France, sous les deux superbes globes terrestre et céleste réalisés par le cosmographe vénitien Vincenzo Coronelli et offerts, en 1683, par le Cardinal d’Estrées à Louis XIV, globes exceptionnels par leur beauté et leur taille de quatre mètres de diamètre. 

Mais ce n’était que le point de départ d’une visite qui devait nous conduire dans le Saint des saints d’une bibliothèque : la Réserve des livres rares. Vous pouvez feuilleter certains de ces livres dans Gallica, la bibliothèque numérique de la BnF (bnf.fr)

Après avoir franchi de nombreuses portes, arpenté des halls au plafond de cathédrale, 

 

 

             nous voici dans une salle bien plus intime, accueillis par Mme Guilleminot-Chrétien, directrice-adjoint de la Réserve des livres rares et précieux. 

Sous vitrine, Mme Guilleminot-Chrétien a exposé pour nous une trentaine de trésors liés à l’alimentation, la cuisine et ses recettes. En introduction, Mme Guilleminot-Chrétien précise que les plus anciens de ces ouvrages sont pour la plupart répertoriés avec les livres sur la médecine et la santé du corps, tant le lien entre nourriture et remède est fort dans ces périodes anciennes, comme, par exemple, dans l’ouvrage de Jacques Dubois : « Remèdes certains et bien éprouvés contre la peste » (1545) ou dans cet ouvrage de 1507, dont une partie du titre appelle à « la condannacion des bancquetz à la louenge de diepte et sobriété », condamnation directement reliée au « Traictié des passions de l’âme ». Nostradamus, lui, associe dans un même opuscule, en 1555, une première partie qui « traicte de diverses façons de fardemens et senteurs pour illustrer et embelir la face » et une seconde qui « nous montre la façon et manière de faire confitures de plusieurs sortes ». À cette époque et pour longtemps encore, on a besoin de « Conseil très-utile contre la famine : & remèdes d’icelle. Item régime de santé pour les povres, facile à tenir » (1546).

Chez les Grands, les festins ont évidemment une autre dimension, d’où l’intérêt de se référer, en 1555, à ce « Livre …contenant en soy la manière d’abiller toutes viandes, avec la manière de servir ès banquetz et festins, le tout veu et corrigé…par le grant escuyer de cuysine du Roy ».

On citera, en faisant un bond dans le temps, celle qui a, parfois, permis d’éviter la famine : la pomme de terre. En 1794-1795, Madame Mérigot publie « La cuisinière républicaine, qui enseigne la manière simple d’accommoder les pommes de terre  avec quelques avis sur les soins nécessaires pour les conserver ».

Quelques années plus tard, en 1822, le grand Carême aura déjà une vision de Grande Europe en publiant : « Le Maître-d’hôtel français, ou Parallèle de la cuisine ancienne et moderne…contenant un traité des menus servis à Paris, à Saint-Pétersbourg, à Londres et à Vienne ».

Enfin, en note d’humour…européen, je citerai Irving Davis, qui, dans son livre, sorti après sa mort en 1969, « A Catalan cookery book, a collection of impossible recipes », s’interroge apparemment avec perplexité sur une certaine tradition culinaire : « Salt cod is extremely appreciated in the Mediterranean. I cannot think why. »

Nous quittons ces livres précieux pour une petite salle de projection où nous attend Vincent Chenille, docteur en histoire, gestionnaire de collections au département de l’Audiovisuel. Il nous a concocté une série de 12 extraits de films où la nourriture se retrouve au cœur de la scène et de la dramaturgie. Vincent Chenille nous explique comment au travers du son et de l’image « le cinéma peut nous faire ressentir le goût ». Le goût, oui, mais parfois aussi, un léger dégoût quand la scène devient trop « bourrative ». Nous y avons retrouvé des scènes connues ou, pour moi, inconnues mais à chaque fois avec un point de vue particulier, celui qui fait appel aux « références tactiles et gustatives de chaque spectateur » grâce aux commentaires très avertis de Vincent Chenille.

Un si bel après midi ne saurait se terminer sans une photo de famille !


et une soirée d'apprentissage

Marc Combier a choisi avec justesse ce petit restaurant, La Zygothèque (15 rue de Tolbiac), bistro d'un genre particulier puisque l'on y dîne au whiskies plutôt qu'aux vins.

 

Les explications de Jean Michel Noël nous ont permis de ressentir les subtilités de chaque "cru" avant l'effet alcoolique de cette dégustation.

 

Les plats étaient bons et l'ambiance chaude.