Parution du rapport ANAMIA
"Les jeunes et le web des troubles alimentaires :
dépasser la notion de ‘pro-ana’"
Signalé par Anick Buj & Danièle Alexandre-Bidon.
Dans le jargon d’internet, « Ana » et « Mia » désignent l’anorexie et la boulimie mentale.
ANAMIA est un projet de recherche fondamentale coordonné par le Centre Edgar Morin (CEM IIAC UMR 8177 EHESS/CNRS, Paris). Il associe 4 partenaires : le Centre Maurice Halbwachs (CMH UMR 8097 EHESS/ CNRS, Paris), le Centre de Recherche en Psychologie, Cognition et Communication (CRPCC, Université de Bretagne Occidentale, Brest), l’équipe Ethique Technologies Organisation Société (ETOS, Institut Mines-Télécom, Télécom Ecole de Management, Evry), et le Groupement d’Economie Quantitative Aix-Marseille (GREQAM, Aix-Marseille Université, Marseille).
Le projet a commencé en janvier 2010 et a duré 42 mois, pour se clore en juin 2013. Il a bénéficié d’une aide ANR de 329.000€ pour un coût global de l’ordre de 928.000€.
Le projet ANAMIA se situe dans la continuité des travaux qui, depuis longtemps déjà, ont mis en relief l’importance des déterminants sociaux des troubles alimentaires, et dont les résultats ont contribué à des avancées importantes aussi bien sur le plan scientifique que thérapeutique. Aujourd’hui, la poursuite et l’évolution de cette démarche exigent de prendre en compte et d’étudier la sociabilité en ligne et son rapport avec les formes plus traditionnelles de production et de maintien du lien social.
Antonio A. Casilli , maître de conférences en Digital Humanities, Telecom ParisTech, chercheur associé au Centre Edgar Morin nous présente ce rapport :
Ce document représente l'aboutissement de trois ans d'enquête dans le cadre du projet ANR ANAMIA, la première étude à avoir appliqué l’analyse des réseaux sociaux à l’étude des communautés web de personnes atteintes de troubles des conduites alimentaires.
Pendant longtemps, il a été impossible d’obtenir des données de qualité sur la fréquentation de ces sites, blogs et forums. Les résultats du projet invitent à repenser la notion même de « pro-ana » : la panique morale autour des sites web accusés de prôner l’anorexie et d’inspirer à la maigreur extrême (« thinspiration » ou « thigh gap ») cache une réalité complexe et ambivalente.
Plusieurs idées reçues quant à l’isolement social des internautes, à leur opposition radicale vis-à-vis du monde de la médecine, et à l’efficacité de la censure pour empêcher leur radicalisation se trouvent mises à mal. Les membres de ces communautés web refusent rarement les soins. Au contraire, ils cherchent à créer des réseaux de solidarité en ligne, complémentaires avec le système médical, surtout lorsque ce dernier est mal équipé pour les prendre en charge (comme dans le cas des « déserts médicaux »).
Merci d'avance de faire circuler cette information dans vos réseaux, vos listes de diffusion, et sur vos sites.