Ananas, reine des plantes

 

L’état des connaissances acquises en 1716 par les voyageurs, les botanistes, naturalistes et jardiniers sur cette plante-fruit exotique 

 

Auteur : Michael Friedrich Lochner  

Éditions Petit Génie, 2014, 213 pages  

Billet de Marie-Claude Maddaloni  

 

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Médecin et naturaliste allemand, Michael Friedrich Lochner (1662-1720) publie, en 1716, un état complet des connaissances concernant ce fruit qu’il appelle « la Reine des plantes ». Ouvrage publié en latin, langue encore utilisée dans les milieux scientifiques au début du XVIIIe siècle, il fait l’objet, aujourd’hui, d’une première traduction en français.

Une riche introduction d’Anne-Marie Bogaert-Damin, conservateur honoraire de la bibliothèque Moretus Plantin (Université de Namur), situe le traité et son auteur dans le contexte scientifique de l’époque et présente une histoire de l’ananas qu’elle définit à cette époque comme une plante rare et à la mode.

Le traité s’ouvre d’abord sur une ode à la gloire de l’ananas : « Voici Bienveillant Lecteur !... L’ANANAS de suprême éminence… Le Roi des rois a orné cette Plante d’une couronne de feuilles, comme pour lui donner un signe lumineux de suprématie et de dignité par rapport aux autres plantes. Dans ce diadème herbacé, les prémices de la future lignée royale ». Puis, Michael Friedrich Lochner « conte la découverte du fruit, cite les pays où croissent les différentes espèces… relate les tentatives de culture en Europe ». Il consacre également plusieurs courts chapitres à la description botanique de l’ananas, à ses vertus médicinales et culinaires. Je relèverai, en particulier, dans le chapitre consacré à son « usage médical » que par son utilisation « comme remède l’horrible cohorte des maux pestilentiels s’enfuit ; leur légion annonciatrice de mort gît vaincue et les douleurs s’effacent. » De même, l’ananas est conseillé « pour rétablir magnifiquement une âme languissante, animer un esprit assoupi » mais attention ! « Comme rien n’est bon qui ne puisse être mauvais,… les meilleurs ananas pris sans précaution et avec excès sont nuisibles ».

Mais quelles sont les vertus culinaires de l’ananas ? « On les mange crus, mais pourtant jamais sans aromates ni sans quelque aspersion de vin… aussi avec du poivre ». Enfin, heureux celui qui boira du « Nanaja... ce vin préparé à partir de l’ananas » et qui « recrée les esprits animaux, porte secours au cœur languissant, guérit les nausées de l’estomac… ». Michael Friedrich Loch termine son traité avec le même lyrisme que dans son introduction :

« Voilà qu’un délicieux parfum s’en va

Et cette saveur d’ambroisie

En se fondant se liquéfie

Et sa couleur dorée se teinte doucement

D’un jaillissement de pourpre.

Avancez. Pourquoi vous privez-vous

De ce régal tellement à point ? »

 

Les illustrations et lettrines de l’ouvrage original ont été reprises.

Les commentaires, annotations et biographies de la centaine d’auteurs et scientifiques cités par Michael Friedrich Lochner ont été rédigés par Yves-Marie Allain, ancien directeur du Jardin des Plantes de Paris.