Prochaine conférence du Séminaire Appropriation de la Nature entre remords et mauvaise foi
organisé par EHESS sous la direction de Sergio Dalla Bernardina
Entre refus du mensonge et obligation de cohérence.
par Catherine-Marie Dubreuil
1er Décembre 2014 de 9h à11h
105 bd Raspail, 75006 PARIS, salle 4
Signalé par Chrystele Guilloteau
Les conditions sociales et culturelles de l’acceptabilité des aliments se posent à tous les groupes humains. Tuer pour vivre pose un problème moral fondamental. Cela conduit à faire appel à des artifices. Dans la société occidentale contemporaine, le militantisme antispéciste, ou mouvement de libération des animaux, a construit face à la problématique de l’alimentation carnée, une stratégie singulière. Celle-ci repose sur deux fondements : le constat de l’évitement de l’animal destiné à être consommé pour l’alimentation, (de l’élevage à la mise en barquette), et la décision d’adopter une ligne de conduite ostensiblement en rupture avec la mauvaise foi supposée des autres.
Depuis environ 25 ans, ils n’ont de cesse de montrer ce que le grand public ne veut pas voir et d’argumenter sur le fait que cela pourrait être évité, non pas par des subterfuges, mais par le refus du régime carné. Ils s’autoproduisent comme exemples permanents pour montrer leur cohérence, leur mode de vie vegan étant leur argument majeur, leur fierté et leur fardeau. Ces militants prétendent avoir trouvé la parade incontestable face à la prédation.
A l’opposé de cette position, il semble également qu’une partie de la population, évite (trop ?) ostensiblement ce questionnement. Certains mangeurs déclarent n’avoir aucun état d’âme en se nourrissant d’êtres vivants, animaux et plantes. Pour (se) convaincre, ils font de la prédation le modèle majeur de la vie sur terre.
Faut-il voir dans ce contraste, d’un côté un dépassement définitif de la mauvaise foi et de l’autre une stratégie défensive, ou plutôt deux systèmes de justification, -l’un plus sophistiqué, l’autre plus direct-, permettant de rendre acceptable par le discours, ce que d’autres sociétés autorisaient par le rituel ?