Chappie

 

Chappie  

 

Réalisateur: Neill Blomkamp  

 

Billet de: Vincent Chenille 

 

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Retour aux Archives de mai 2015

Pas beaucoup de mentions alimentaires dans ce film très poétique, mais une qui est significative. Le robot Chappie ouvre le frigidaire du foyer, en sort une bouteille de lait, l’inspecte. Il ne la boit pas, mais la fait couler par terre. On comprend bien qu’un robot n’ait pas besoin de boire ou de manger. Mais pourquoi le réalisateur ne se contente-t-il pas de montrer son robot sans scène de nourriture et met en scène le robot Chappie jetant du lait ? Sans être un personnage de comédie, ce robot a des côtés amusants (comme ses antennes en oreilles de lapin). Néanmoins le film développe toute une philosophie mystique, quant au corps et à l’âme, qui laisse à penser que ce lait jeté n’est pas un hasard. Chappie explique, au cours du film, qu’à la mort, l’âme s’échappe du corps. Elle est immortelle, alors que le corps humain est périssable. Ce n’est pas le cas du corps de Chappie qui est en titane, et donc facilement réparable. Seulement au début du film Chappie n’a pas d’âme. Il n’est qu’un robot-policier d’intervention dont les missions sont programmées. Mais voilà que son concepteur réussit à synthétiser un système nerveux dans un programme. Chappie se retrouve donc doté d’une âme avec un corps immortel. Et, pour le réalisateur, les conséquences de cette dotation sont positives, puisque Chappie fait preuve d’humanité davantage encore que les humains, car il ne craint pas de risquer sa vie pour accomplir ce que lui dicte son cœur. Pour l’auteur, notre corps mortel, qui a besoin d’être nourri, est un obstacle à l’accomplissement de notre humanité. L’avenir n’est cependant pas aux robots. Grâce à un casque informatique qui permet de recueillir les données du cerveau, les âmes des mourants sont sauvée,s puis transférées dans un corps immortel en titane.

Bien sûr, le programme informatique qui recueille les âmes, ou qui les synthétise, n’existe pas. Cependant la vision développée n’est pas qu’une chimère fantastique. A l’heure où la chirurgie et l’électronique remplacent des pans entiers du corps humain, Chappie apparaît comme un horizon possible : plus de corps humain, plus de problèmes digestifs, mais quid de la sensibilité au goût ? Notre humanité existe-t-elle toujours si cette sensibilité-là disparaît ? D’autres films de robots, autres que Chappie, ont répondu différemment à cette question. Par exemple, dans A.I ., le film de Steven Spielberg (2001), l’enfant-robot veut absolument manger, pour être considéré tel un enfant humain comme les autres.