Pourquoi j’ai pas mangé mon père
Réalisateur: Jamel Debbouze
Billet de Vincent Chenille
C’est l’histoire du chaînon manquant que nous raconte Jamel Debbouze dans son film d’animation.
Edouard est le fils aîné du roi des simiens (des singes), mais il est plus chétif que la normale (il est la manifestation d’une mutation).
Pour cette raison, il n’est pas intronisé, comme il devrait l’être. Mais il le deviendra en faisant découvrir à son peuple le feu, l’habitat moderne, l’amour.
Il découvre la cuisson un peu par hasard, un animal étant tombé sur le feu qu’il a préparé. L’odeur, bonne, attire du monde et suscite la fête. Cette innovation est mise en parallèle avec une rupture dans la tradition alimentaire. Edouard refuse de manger son père, qui vient de mourir. Il institue la première sépulture. La cuisine et l’inhumation, ainsi que la chasse, seraient donc nées d’une rupture avec l’anthropophagie.
Le film est adapté d’un roman de 1960 qui s’intitulait d’ailleurs Pourquoi j’ai mangé mon père. Il s’agit d’un raccourci préhistorique concernant l’anthropologie humaine, puisque la découverte du feu date d’il y a 790 000 ans, alors que la cuisson n’est apparue que 290 000 ans plus tard. Les sépultures sont, quant à elles, plus récentes, puisqu’elles ont entre 300 et 400 000 ans. L’enterrement a suivi chronologiquement la naissance de la cuisson, on ne peut donc pas faire naître la cuisine d’une rupture avec des pratiques anthropophagiques et de l’apparition des sépultures.