The lobster
Réalisateur : Yorgos Lanthimos
Billet de Vincent Chenille
The lobster fait partie de ces films rares qui donnent une recette de cuisine en intégralité. Ici, il s’agit du lapin farci aux poivrons, avec de l’ail et de la menthe. Mais la particularité du film tient au moment où est donné cette recette. Généralement, elle est donnée en cuisine ou au moment du repas, comme dans Le parfum de la carotte ou bien en fin de film comme dans L’attaque de la moussaka géante. Dans The lobster, elle est donnée au moment où le chasseur vient de tuer les lapins, encore sanglants et non dépiautés ; au moment le plus tragique donc. La musique triste qui accompagne la scène porte plus le spectateur à compatir face aux victimes qu’à noter les ingrédients pour réaliser la recette.
Cette impression négative se trouve renforcée par le fait que les animaux peuvent être des humains métamorphosés. La règle établie dans la société décrite est que l’humanité n’existe que par le couple. Les individus qui perdent leur moitié ou se séparent de leur conjoint, s’ils ne trouvent pas un autre partenaire dans un délai de quarante jours, sont transformés en animaux. Ce qui explique le titre du film The lobster (Le homard), animal dans lequel le personnage principal accepterait d’être changé, au cas où il ne trouverait pas de conjointe. Dès lors, il y a un doute sur ce que mangent les célibataires, reclus en forêt. The lobster, d’une philosophie animiste, fait donc la promotion du végétarisme, pas tant en habituant le spectateur à ce type de régime, mais plutôt en décriant le régime carné. Cela étant, en ville, on voit souvent les pensionnaires d’un hôtel à table, mais on ne sait pas ce qu’il y a dans leur assiette. On sait qu’une pensionnaire distribue des petits gâteaux au petit déjeuner.
Le désir de changement de vie s’exprimera aussi avec un gâteau. L’héroïne, qui veut quitter la forêt où elle chasse pour aller à la ville, y mange un gâteau à la crème qu’elle trouve visiblement bon. L’humanité serait donc dans le gâteau.