Comme des bêtes
Réalisateurs: Chris Renaud et Yarrow Cheyney
Billet de Vincent Chenille
L’action se déroule à New York de nos jours, mais les êtres humains brillent par leur (presque) absence. Ce sont les animaux qui sont les protagonistes, aussi bien les domestiques que ceux d’élevage ou les sauvages. On y trouve un bulldog qui possède des biscuits et qui aime le beurre de cacahuètes. Mis à part cela, ce sont des mangeurs de viande. Ils aiment cela, car leur repas est souvent le fruit d’un larcin. C’est la chatte qui dévore dans le frigidaire le poulet de son maître, ce sont les deux chiens vedette qui connaissent un moment paradisiaque dans une usine de viande hachée et de saucisses. Ils mangent à n'en plus finir. Est-ce à dire que les animaux se mangent entre eux ? Les animaux sauvages sont tentés. Cachés dans les égouts, ils sont prêts à sacrifier les deux chiens à la vipère géante. Cela n’arrivera pas, pas plus que la chienne ne sera dévorée par l’aigle. Les deux finiront par s’entendre pour partir à la recherche du chien, dont elle est amoureuse. Le repas se limite-t-il aux animaux d’élevage (poulet, viande de bœuf ou de porc) ? Pas tout à fait, car parmi les animaux sauvages se trouvent des animaux d’élevage, qui ont été victimes d’humains (des animaux abandonnés en quelque sorte). On trouve donc un cochon, et à la tête de la bande, un lapin : deux animaux un peu frontaliers, car ils connaissent leur équivalent sauvage, et deux animaux qui ,même d’élevage, sont de hauts représentants d’interdits alimentaires. Dans ce monde animalier, ce sont certains animaux domestiques qui sont donc autorisés à la consommation. Nous sommes proches d’une alimentation humaine classique. La métaphore humaine s’attache jusque dans la distinction animal domestique, d’appartement, et animal sauvage, vivant dans l’égout. Distinction de classe, riches et laissés pour compte, le film invite à l’union et à ne pas s’entretuer ni se manger. Le lapin et le cochon sont là pour associer animaux sauvages et animaux domestiques sous une même humanité. Comme avec La tortue rouge ou le BGG, c’est l’anthropophagie qui est rejetée (à la différence près que dans Comme des bêtes, elle passe par la consommation de viande).