Billet de Vincent Chenille
Ressortie en vidéo de Voici le temps des assassins de Julien Duvivier, sorti en 1953. C’est un incontournable pour qui s’intéresse à la gastronomie et aux cuisiniers représentés au cinéma. Le film est pionnier et constitue un tournant dans la représentation des cuisiniers. Il est pionnier, car si la cuisine n’est pas le sujet principal du film (il s’agit de l’histoire d’un homme mûr séduit par une jeune femme, qui est la fille de son ex-épouse) le nombre de scènes dans « Le rendez-vous des innocents », le restaurant tenu par M. Chatelin, dans le quartier des Halles, est très important. Il y a beaucoup plus de scènes de cuisine et de salle que dans les films précédents qui en montraient. Il faudra attendre plus de dix ans pour avoir régulièrement des films avec des personnages de cuisiniers disposant d’autant de scènes, tels que Le grand restaurant ou La cuisine au beurre. Il est important aussi dans la représentation qu’il donne des cuisiniers, parce qu’il en donne une image positive, ce qui n’était pas vraiment le cas auparavant (notamment, il utilise pour valoriser le cuisinier, une bonne critique gastronomique dans un journal).
Ressortie également de Marty de Delbert Mann, sorti en 1955. L’histoire est celle d’un italo-américain de 34 ans qui n’arrive pas à trouver d’épouse, parce qu’il est gros et pas beau. Il supporte, de plus, la pression familiale qui le pousse à trouver une compagne. Il se trouve que Marty est aussi boucher. Ce n’est pas un choix personnel. A la fin de la guerre, il était obligé de nourrir sa famille, un boucher a proposé de le prendre. Mais il ne voulait pas être boucher, car c’est un métier déconsidéré, un handicap de plus dans son rapport aux autres. Marty nous éveille au fait que les gros pas beaux, et aussi les bouchers, peuvent également être intelligents et sensibles. Les scènes de boutique sont peu nombreuses, mais le film grouille d’informations économiques. Car Marty envisage de racheter le fonds de son patron. Un fonds de boucherie à New York coûtait alors 5 000$, alors que le prix de la bavette était de 1,24$ et que quatre côtes de porc revenaient à 1,54$...