L’histoire se déroule en Hauts de France, à la Belle Epoque, dans un coin de campagne près de la mer.
Les moules et les frites sont bien présentes. Les frites sont destinées aux grands bourgeois, qui ont une vaste demeure de villégiature. Les moules sont ramassées par les pêcheurs mais personne ne les mange. Pas même ceux qui les ont ramassées et qui vivent chichement du transport de voyageurs en barque. On se dit que les moules pourraient leur apporter des protéines. Mais ils vont les chercher ailleurs, avec les voyageurs bourgeois de passage venant de Lille et de Tourcoing qu’ils transportent.
Ceux-là, on ne les reverra plus. Ils finiront dans la marmite des pêcheurs.
Les bourgeois mangent aussi des protéines, mais pas de chair humaine. Ils consomment cependant la viande du sacrifice : l’agneau et le poulet. Tous pratiquent le sacrifice, mais selon leur moyen. On comprend aisément que les pêcheurs choisissent des personnes de passage et non des habitants du coin, qui pourraient plus facilement connaître les coupables. Cependant, au cours du film, les pêcheurs sont tentés de transformer en repas des bourgeois du coin qui se sont moqués d’eux. Ils y renonceront non par crainte de la police (le policier est un imbécile) mais par amour pour une des personnes capturées.
Si le film montre l’anthropophagie comme un moyen d’expression de la lutte des classes, il montre aussi qu’on ne peut manger ceux qu’on aime. Une vision qui tranche beaucoup de films d’anthropophagie récents, comme La chair de Marco Ferreri (1991) ou Trouble every day (2001) de Claire Denis. Ma Loute est le premier d’une suite de films d’anthropophagie dont la série a démarré cet été.